Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 16:04

pamplemousse2.jpgEn plein mois d’août à Tel-Aviv, Max, 31 ans, tête en l’air, irresponsable, léger et quelque peu opportuniste se retrouve sans logement et sans emploi. 

Cette situation le propulse dans une série rocambolesque de déconvenues, pris en plein bombardements dans un supermarché avec un couple de français hystériques, dans une villa chic en compagnie d’une jeune femme aux courbes felliniennes, à garder une jeune chienne suicidaire, face à un type venu à Tel-Aviv par « sionisme sexuel » ou sur une plage, les yeux écarquillés, devant un homme qui passe l’aspirateur.

Écrit comme une comédie, La Méditation du pamplemousse se lit le rire aux lèvres, illustrant néanmoins la réalité d’une jeunesse qui se cherche.

Ce premier roman de stéphane Belaïsch a été publié chez  Denoël en 2010. Il fait suite à la co-réalisation avec Emmanuel Naccache d’un long métrage, Le Syndrôme de Jérusalem, sorti en 2008 et qui a reçu le Prix du public du film israélien de Paris et le Prix du Meilleur film au festival israélien de Sao Paulo. 

Stéphane Belaïsch a précédemment réalisé en 2001 Le Truc, un court métrage avec Elie Semoun. En 2000, il a interprété un One-Man-Show, Non !, mis en scène par Gad Elmaleh. Il a, par ailleurs, écrit pour la série Caméra Café & créé et joué en 2002 une pièce de théâtre, The Wrong man at the wrong place

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 20:53

Cendors-Adieu.jpg« L’œuvre de beauté est le foyer d’une éternelle incandescence (…) »

Les tentures écarlates festonnées d’or s’ouvrent sur Venise. Un voyageur dont on ignore tout des vingt premières années arrive en ville sous l’œil de trois témoins, Ricorni dit le Savant, Fulvia, la courtisane puis Venise elle-même.

Appelé Inno (comme Innocenzo) l’homme s’installe avec Guido son valet au Palazzo où il organise des fêtes somptueuses. Le prix de l’enchantement est de respecter une règle simple : chaque personne conviée est priée de n’y venir qu’une seule fois. Ravagé par toutes formes de beauté, Inno poursuit à travers ces fêtes et l’épreuve du désir le rêve de rencontrer une femme secrète, vive et talentueuse. Un rêve d’amour mystique, qui s’illustre tout le long du récit par la figure de Psyché.

 « Si la compagnie exclusive d’un rêve isole l’homme de son semblable, il s’ensuit que son rêve exige davantage de compagnie. »

Les jeux de masques se succèdent et quand ils se brisent, l’homme se délivre de leurs pouvoirs. Il peut retourner à la quête d’un amour dépourvu de fantasme et d’idéal, un amour vrai auquel son cœur peut enfin s’ouvrir. Tel un conte poétique et philosophique, Pierre Cendors nous emmène dans un texte d’une élégance rare où la quête d’absolu côtoie le sens du tragique avec splendeur. 

 

Extrait : 

" La véritable solitude, murmura alors Inno, son regard sondant l'obscurité par la croisée, n'est pas de ne plus vivre ses rêves, mais de n'en posséder aucun. (...) il n'est pire solitude que de les vivre tous, sans conserver le mystère d'un seul, à jamais inaccessible. S'il n'est plus une étoile au ciel, comment nous orienterons-nous dans la nuit ?
Souvent, il songeait aussi : Ni honte, ni chaîne, ni soupir - toujours dire adieu à ce qui vient - telle est la foi qui gouverne ma vie. Il préférait se taire à causer ; il riait beaucoup et de tout. Il aimait ceux qui n'avaient rien à dire mais qui le disaient avec humour ou se taisaient avec simplicité."

 

Adieu à ce qui vient - Pierre Cendors
Préface de Christian Garcin 
Éditions Finitude

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 19:58

000714811.jpgHiver 1852. Dans les Basses-Alpes, un village vient de perdre tous ses hommes "raflés" par les gendarmes du nouvel empire de Louis Napoléon Bonaparte. 

La voix que l'on entend est de celles qui sont restées avec leurs corps vides. Elle a seize ans et demi, et Martin, son amoureux, son promis, a été tué. Deux ans passent et "la douleur (la) remplit et (lui) sert de grossesse" engendrant la colère. 

Les femmes du village se sont organisées en attendant l'arrivée de l'homme-Adam qui sèmerait en elles ses germes de vie. Et cet homme arrive du fond de la vallée. Et nous entrons dans ce corps virginal où point et croît le feu du désir _ et transforme la jeune femme. 

La violence de ce qui éclot en elle renvoie à l'universalité de l'amour, et l'espace de ce texte court réside quelque part en chacune d'entre nous....

 

"Je sais ma faim mais je ne sais pas ce qu'il faut faire. Je ne sais pas comment une femme doit être la première fois qu'elle va jusqu'à la peau de l'homme. Je sais pourtant les choses de l'amour: nous en avons souvent parlé entre femmes. Mais j'ignore les secrets du premier jour, de la naissance de la rencontre de deux corps. Chaque femme garde en elle ce secret qu'elle ne dit pas mais que les autres femmes devinent parce que c'est cette naissance qui conditionne leur vie de femme dans leur relation avec l'homme."

 

L'homme semence a été écrit en 1919 par Violette AILHAUD alors que pour la deuxième fois en moins de soixante-dix ans son village vient de perdre tous ses hommes. Il est paru en 2006 aux éditions PAROLE (http://www.editions-parole.net) dans la collection "Main de femme".

L'homme semence est également mis en voix par la conteuse Agnès DUMOUCHEL (pour plus d'informations : http://www.mondoral.org/-Agnes-Dumouchel-Conteuse-dans-les-.html). 

Partager cet article
Repost0
16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 23:16

Des personnages en marche...

 

 

H. Mingarelli www.vanessa-curton.fr.jpg La lettre de Buenos Aires

Buchet / Chastel _ 2010

 

D’une sourie mélancolique qui passe avec l’inspiration au collectionneur de plumes en passant par les confessions entre marins consignés sur leur bateau à Port-aux-Princes ou le récit de deux frères qui traversent la nuit sur une barque, et la beauté des choses happée par la relation père-fils lors d’un campement en forêt ou d’un retour d’Argentine...

 

Dans ce recueil de neuf nouvelles, on a plaisir à replonger dans les ambiances et le style d’Hubert Mingarelli qui explore, ici, la subtilité des liens à travers des personnages en marche, souvent rudes et solitaires et dont on découvre toute la sensibilité et le profonde humanité. 

 

Extrait de la nouvelle "La Lettre de Buenos Aires" : 

 

"(...) debout seul sur le pont, il tremblait, en proie à un profond soulagement et à un contentement qui montait et s'amplifiait, tandis que le mouvement en dessous de lui commençait à diminuer. Alors la houle cessa. Il ferma les yeux. Seul son esprit voguait, et il eut soudain un sourire, le sourire timide et mystérieux d'un homme qui en a vu, qui a vécu et qui a souffert, mais qui a fini d'avoir mal."


 


H. Mingarelli www.vanessa-curton.fr. Un livre en entrainant un autre ; 



retour sur Une rivière verte et silencieuse  (Seuil _ 1999) où Primo, un jeune garçon s’est tracé un chemin à travers les herbes hautes, «une sorte de tunnel à ciel ouvert». Primo vit très modestement avec son père et s’émerveille dans (et de) la simplicité. L’écriture est d’une grande générosité et suggère une certaine quête de rédemption. 

 

 

 

Extrait d’un dialogue entre Primo et son père (qui pêchait des truites à la main) : 


« - Tu te rappelles qu’un soir on parlait de la rivière ? 

 - Oui, c’est le soir où je t’ai dit que j’aimais pas marcher, mais que j’aimais bien attraper des truites à la main.

- C’est ça. Alors, ça m’a donné l’idée d’acheter un bras de rivière. Mais toujours en imagination. Avec l’argent du tunnel que j’aurais revendu.

- Tu as de la suite dans les idées. 

- Oui, je crois. 

- Et tu t’es imaginé que tu attrapais des truites à la main? 

- Non, j’ai pas fait ça. J’ai imaginé que je les regardais depuis un pont que j’avais fait construire. 

- Oui, c’est bien aussi de les regarder, m’approuva-t-il. 

Il garda un instant le silence, et dit : 

 - Et c’est curieux, tu vois, parce que depuis qu’on a eu cette discussion à propos de la rivière, j’y ai repensé moi aussi à cette rivière pendant que je tondais les pelouses, cette semaine. 

- Et tu t’es imaginé des choses, aussi ? 

- Non, j’y ai repensé, c’est tout. 

- Et c’est facile à faire pendant qu’on tond une pelouse ? 

- Qu’est-ce que tu veux dire ? 

- Est-ce qu’on peut couper de l’herbe et en même temps repenser à des choses ? 

- C’est très facile. 

- Tu crois que j’y arriverais ? 

- Je crois. Tout le monde peut y arriver. Mais faudrait d’abord que tu apprennes à tondre une pelouse.»

Partager cet article
Repost0
9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 18:00

Elodie-cordou-PAG1.jpgElodie Cordou a disparu. Personne ne sait où elle est, si elle se cache ou même si elle est encore en vie. Mais qui est Elodie Cordou ? 

 

Dans un dialogue entre le peintre Ronan Barrot et Pierre Autin-Grenier, un narrateur retrace les dernières fois où il a vu Elodie Cordou en chair et en os. Se dresse par tâtonnements ou par touches le portrait d’une femme à la «beauté simple et sans apprêt», d’une intelligence rare, au caractère enjoué et néanmoins prompt à la révolte, que le narrateur affirme être le seul à avoir approchée «certes de loin en loin, ces dernières années» mais « le seul à pouvoir de fait témoigner de ce qu’elle est (ou fut) en réalité»

 

Tout au long de ce récit intense et turbulent, Pierre Autin-Grenier sème les indices d’une identité mystère (et peut-être allégorique), qui aime la peinture, par-dessus tout et jusqu’à en frôler la folie, échappant ainsi au joug d’une famille bourgeoise instruite au pouvoir de l’argent. 

 

 

Elodie Cordou, la disparition de Pierre Autin-Grenier & vu par Ronan Barrot est paru en novembre 2010 aux éditions du chemin de fer, dont on salue la qualité et la beauté des livres. 

 



zone littéraire
www.vanessa-curton.fr 

 

 


Partager cet article
Repost0
2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 23:08
book_cover_l_attente_du_soir_8103_250_400.jpeg Magnifique !


Avec L’Attente du soir, entrer dans l’univers de Tatiana Arfel, c’est comme entrer sous un chapiteau  en rouge et jaune où la fantaisie estompe le gris du réel aux pinceaux de couleurs chaudes et étincelantes. On y entend l’élan des trapézistes sous le regard des clowns blancs qui ont vécu les froids rugueux de l’hiver.  

Trois personnages sont en scène pour nous raconter leur histoire, de l’enfance à ce soir où le roman se déploie. Giacomo de Obaldia, «dresseur de caniches, enchanteur, orchestrateur symphonique de parfums et marchand de rêves» ; Mlle B., cette femme sans nom qui a grandit comme «une mendiante assise sur un trottoirs» et dont les parents «sans colère ni évitement délibéré ne (la) voyaient littéralement pas». Cette fille-mère qui a accouché dans le secret d’un hôpital psychatrique et à qui l’on a fini par dérobé l’enfant.
Puis, il y a le Môme sans mot qui pense avec des images et s’exprime tout d’abord comme un chien aboie. Il est «obsédé par le dehors qu’il ne peut pas toucher» et s’est vu abandonner sur un terrain vague avec les ordures. Le Môme accède peu à peu à la parole, au langage et au sens de ce qui est dans son corps par le biais de la peinture et la fraternité de cette troupe qui l’accueille. 

Ce roman pourrait être une fable ou un conte, où nous reviennent quelques échos du fameux roman d’Hector Malot, Rémi, son maître Vitali, leurs trois chiens et le singe Joli-coeur. L’Attente du soir est, en tous cas, un roman d’une grande poésie. On y sent une plume sensible et empathique, sur un certain fond de révolte contre la déshumanisation des relations sociales défaites de vrais regards. Ce premier roman de Tatiana Arfel, paru chez José Corti en 2008, a reçu six prix littéraires bien mérités !

Des clous, son deuxième roman est paru en fin d’année 2010, toujours aux éditions José Corti. Sa forme rappelle celle de L’Attente du soir.
Des Clous est un roman «polyphonique décrivant une entreprise de services, Human Tools, qui cherche à rationnaliser la langue, le corps, les pensées, les émotions de ses employés, pour accroître ses performances»*

 

 

* selon le site internet de l'éditeur.

 

Zone littéraire
www.vanessa-curton.fr 
Partager cet article
Repost0
8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 22:04

imagesIl est né en 1982, il s’appelle Tristan

et nous dévide le fil de ses souvenirs, «les vrais - pas ceux qu’on s’invente pour faire joli». Il a 19 ans et s’apprête à sortir de prison où il a été «condamné à un an et demi pour homicide volontaire avec circonstances atténuantes». Maryse, «sa mère seconde» a promis de venir le chercher pour le ramener chez eux, au Cabaret des oiseaux « au beau milieu des pierres et des champs de lavande». 

L’histoire commence donc alors qu’il a 6 ans, dans la vallée du Jabron, vers Sisteron, où il est témoin de l’assassinat de sa mère première, Blanche, par deux repris de justice en cavale. 

Entre la dureté des événements et celle de son père, Alex, qui s’est très vite «lassé du rôle de re-père», Tristan apprend et grandit aux côtés de Maryse, qui «vient des bars des hommes et du froid» et de Germain, son «grand-père de rechange» avec qui il écoute du blues. Temps ponctués par ses rendez-vous avec Monsieur Jourdain, son «docteur de l’esprit». 

Bienveillance, tendresse et sensualité se mêlent à la tristesse, aux mystères et à la mort. Dans cet univers, la présence féminine est à la fois une présence douloureuse et salvatrice, liée au cycle de ce qui est vie à l’image de cette nature omniprésente, dotée d’un soupçon de magie mais surtout protectrice. Le merle et la corneille accompagnent également Tristan avec discrétion, de son enfance où il vivait dans les branches à ses 18 ou 19 ans où pour lui écrire, «combler le vide de (son) histoire permet(...) de briser la solitude, d’atteindre les autres et de les arrêter». 

D'une grande sensibilité pour les mots et la phrase, il explique : « Un peu comme dans la vie, les mots nous font avancer. Si je pense à la mort, à Blanche ma mère première, je crois que la mort arrive lorsqu’il n’y a plus de mots. Juste une boule, grosse boule pleine de colère, une pelote de laine noire qui vous bascule dans la gorge, les gouttes de tristesse s’échappant le long des joues ou sur le nez. Heureusement, il existe des mots joyeux. On en trouve un, tiens, il me fait chaud au coeur, celui-là. On en essaie un de plus, ils ont l’air de s’entendre, de se compléter, puis on bâtit une phrase et ça va de mieux en mieux. On joue avec, ils s’enroulent dans la tête, alors en sort une jolie pelote de laine. Vous n’êtes plus ce petit garçon triste mais le chat qui lance la patte, fait rouler la pelote, tout en ronronnant.»

D’une écriture simple et poétique, André Bucher dépeint avec justesse des personnages écorchés, brut et tendres à la fois. La beauté des choses côtoie leur âpreté, et révèle le récit initiatique d’un jeune garçon qui devient homme, qui advient, peut-être finalement, à ce qu’il est, éclaircissant les ombres de son histoire, aux bras de ceux qui fondent son foyer, sa fraternité. 

 

Le Cabaret des oiseaux  est le deuxième roman d’André Bucher publié chez Sabine Wespieser.
Il est paru en 2004 après Le Pays qui vient de loin paru en 2003. 
Chez le même éditeur, ont été publié depuis : Pays à vendre en 2005 et Déneiger le ciel en 2007.

En 2009, André Bucher a publié chez Denoël La Cascade aux miroir. 

 

Zone littéraire
www.vanessa-curton.fr 
Partager cet article
Repost0
27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 16:54

Rosa-Candida--zone-litteraire-www.vanessa-curton.fr.jpg  ou la quête initiatique d'un ingénu 

 

Au pays des champs de lave, un jeune homme de 22 ans, cheveux roux et à la physionomie ouverte de garçonnet, décide d’entreprendre un road trip vers un monastère où il s’est fait embauché pour le jardinage. Avec son herbier dans la poche et ses boutures d’une rose à huit pétales dans le coffre de la voiture, Lobbi va avec ses questionnements et ses pensées obsessionnelles sur le corps suite à une récente opération de l’appendicite.

«  Ma perception des passants en tant que corps me dérange et si je n’y mets pas bon ordre, elle pourrait m’empêcher d’avoir des relations normales avec les gens et d’apprendre leur idiome comme j’en ai l’intention. »

Sa mère est morte récemment dans un accident de voiture. Son frère jumeau a été placé dans un foyer pour personnes mentalement déficientes. Il téléphone régulièrement à son père avec qui il parle de nourriture. Lobbi garde dans son portefeuille la photographie de sa mère et celle de sa petite fille de 7 mois, Flóra Sól, conçue pendant le quart d’une nuit dans une serre avec Anna, jeune femme étudiante en génétique.

«  Je ne peux vraiment pas dire que je sois physiquement en mesure de coucher avec qui que ce soit en l’état actuel des choses. Si je devais être tout à fait honnête, je choisirais probablement le manuel d’horticulture de préférence à une nana. Puis-je lui dire non sans la blesser et sans rendre ce qui s’en suivrait extrêmement pénible ? »

Univers sans fioriture où les symboles naviguent avec intelligence au bras des songes et des éléments du quotidien. L’auteure nous emmène dans un cheminement initiatique sous le regard ingénu d’un personnage qui pourrait être chacun de nous. On le suit, le sourire aux lèvres, se souvenant de ces moments de doute : comment savoir qu’une femme nous aime ? Ai-je envie de passer toute une vie avec une seule et même femme ? Est-ce une affaire d’amour ou une relation sexuelle ? Comment suis-je devenu un homme ? Accompagné par un moine cinéphile, Lobbi va en quête de lui-même et devient peu à peu un adulte puis un père sous une figure protectrice et maternelle.

Avec Rosa Candida, l’auteure islandaise Audur Ava Ólafsdóttir signe un roman d’une grande richesse. Un roman d’apprentissage, en somme, au creux d’une démarche de deuil où reluit le cycle et la beauté des choses.

«  Je me retrouve en pleine forêt, littéralement encerclé de toutes parts par les arbres, sans la moindre idée de l’endroit où je me suis fourré. Est-ce qu’un homme élevé dans les profondeurs obscures de la forêt, où il faut se frayer un chemin au travers de multiples épaisseurs d’arbres pour aller mettre une lettre à la poste, peut comprendre ce que c’est que d’attendre pendant toute sa jeunesse que pousse un seul arbre ? »

Rosa Candida est paru pour la première fois en français en 2010 aux éditions Zulma, traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson. Rosa Candida est le troisième roman d’Audur Ava Ólafsdóttir. Il a reçu le prix des lecteurs 2010 de la Librairie Nouvelle de Voiron. 

 

Zone littéraire
www.vanessa-curton.fr
Partager cet article
Repost0
23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 13:01

L-intranquille--Gerard-Garouste--zone-litteraire-www.vane.jpgou la mise en mots d'une sensibilité piquée à vif

"Je suis le fils d'un salopard qui m'aimait."

Aussi difficile qu'il est parfois de dire pourquoi l'on écrit, Gérard Garouste accompagné de Judith Perrignon raconte les fondements de sa peinture. 

Regard sur ce père qui vient de mourir et son antisémitisme effréné. Gérard Garouste s'est construit en rupture, comme un cri, avec cet enfant au creux de lui et cette ferveur de "peindre jusqu'à l'épuisement". En rupture aussi avec ses contemporains. Tandis que ceux de son âge cherchaient à faire des performances, à provoquer, lui, il "cherchait le chaos des poudres" sur une toile préparée à l'ancienne, choisissait l'érudition et trouvait peu à peu son langage

"L'étude m'a sauvé. Mes toiles n'affirment rien, elles sont une invitation à relire."

Regard aussi sur une folie qui tiraille. De délires en délires à taire entre plusieurs passages à Sainte Anne, Gérard Garouste exprime cette tension quotidienne nourrie par la peur d'échapper à lui-même. Derrière, on en entend sans mal l'écho des lettres de Vincent van Gogh à son frère Théo. Ces délires subits, incompris par eux, les autres, et ces enfermements réguliers en hôpital psychatrique. Ces délires heurtés par la lucidité avec laquelle ils sont vécus. Et cette phrase que Gérard Garouste a lui-même empreinté prend tout son sens :

"Un fou n'est pas quelqu'un qui a perdu la raison, mais quelqu'un qui a tout perdu sauf la raison."

Avec Judith Perrignon derrière l'épaule, on retrouve un certain style, un plaisir de la phrase courte, juste, épurée, et un certain attachement aux peintres intranquilles. Judith Perrignon a, en effet, signé un premier roman remarquable en 2006, C'était mon frère... consacré à Théo et Vincent van Gogh...de la mort du peintre à celle de Théo, l'exploration émouvante d'une relation distante et fusionnelle à la fois. 

L'Intranquille, Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou puise toute sa puissance dans une écriture humble et honnête, dont les images restent bien au-delà du livre. 

 

Zone littéraire

www.vanessa-curton.fr

Partager cet article
Repost0
22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 22:02

 

synguesabouratiqrahimi081110053257

"Ecarlate de son propre sang"

"La chambre est petite. Rectangulaire. Elle est étouffante malgré ses murs clairs, couleur cyan, et ses deux rideaux aux motifs d'oiseaux migrateurs figés dans leur élan sur un ciel jaune et bleu (...)"

En Afghanistan, une femme veille son homme blessé dans la maison déserte d'un quartier démoli. L'attente actionne l'ébranlement du mutisme. De dialogue en dialogue qu'elle lui adresse, le lecteur découvre l'univers secret d'une femme tenue par les us et coutumes de son peuple, et l'ampleur d'une sensualité criante de désirs et de liberté. Des questionnements singuliers à l'annonce d'un mariage arrangé ou face à l'inquiétude de ne pas tomber enceinte, des humiliations d'une femme voilée, on pénètre à l'intime d'une sensualité presque interdite mais fabuleuse. 

Les phrases sont nettes et directes. On est pris à la gorge par ces troublantes confessions dont on devine toute la profondeur. Sans voyeurisme aucun, le narrateur semble nous souffler "Viens ! écoute ! Regarde ! Ne juge pas, apprends ! "On avance dans le texte à tâtons sans oublier que l'auteur est un homme. Les mots se mèlent aux images d'une réalité brute et tendre à la fois, jouant avec les symboles d'un puissant mysticisme. On en éprouve une très grande force : la force de dire, de dévoiler et d'aimer.   

" Un rire sourd sort de sa poitrine. 'Oh ma syngué sabour, quand c'est dur d'être femme, ça devient dur aussi d'être homme !' Un long soupir s'arrache de son corps. Elle replonge dans ses pensées. ses yeux, sombres, chavirent. Ses lèvres, de plus en plus exsangues, s'animent, marmonnent quelque chose comme une prière. Et soudain elle commence à parler avec une voix solennelle : 'Si toute religion est une histoire de révélation, la révélation d'une vérité, alors, ma syngué sabour, notre histoire à nous, elle aussi est une religion. Notre religion à nous !' Elle marche. 'Oui, le corps est notre révélation.' "

Zone littéraire

www.vanessa-curton.fr

Partager cet article
Repost0

Accueil

  • : Zone littéraire de Vanessa Curton
  • : Ce blog pour mettre en lumière les auteurs d'aujourd'hui, leurs écritures, leurs voix, leurs livres et plus si affinités
  • Contact

Retrouvez-moi sur :

 

Paperblog

Archives