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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 22:04

imagesIl est né en 1982, il s’appelle Tristan

et nous dévide le fil de ses souvenirs, «les vrais - pas ceux qu’on s’invente pour faire joli». Il a 19 ans et s’apprête à sortir de prison où il a été «condamné à un an et demi pour homicide volontaire avec circonstances atténuantes». Maryse, «sa mère seconde» a promis de venir le chercher pour le ramener chez eux, au Cabaret des oiseaux « au beau milieu des pierres et des champs de lavande». 

L’histoire commence donc alors qu’il a 6 ans, dans la vallée du Jabron, vers Sisteron, où il est témoin de l’assassinat de sa mère première, Blanche, par deux repris de justice en cavale. 

Entre la dureté des événements et celle de son père, Alex, qui s’est très vite «lassé du rôle de re-père», Tristan apprend et grandit aux côtés de Maryse, qui «vient des bars des hommes et du froid» et de Germain, son «grand-père de rechange» avec qui il écoute du blues. Temps ponctués par ses rendez-vous avec Monsieur Jourdain, son «docteur de l’esprit». 

Bienveillance, tendresse et sensualité se mêlent à la tristesse, aux mystères et à la mort. Dans cet univers, la présence féminine est à la fois une présence douloureuse et salvatrice, liée au cycle de ce qui est vie à l’image de cette nature omniprésente, dotée d’un soupçon de magie mais surtout protectrice. Le merle et la corneille accompagnent également Tristan avec discrétion, de son enfance où il vivait dans les branches à ses 18 ou 19 ans où pour lui écrire, «combler le vide de (son) histoire permet(...) de briser la solitude, d’atteindre les autres et de les arrêter». 

D'une grande sensibilité pour les mots et la phrase, il explique : « Un peu comme dans la vie, les mots nous font avancer. Si je pense à la mort, à Blanche ma mère première, je crois que la mort arrive lorsqu’il n’y a plus de mots. Juste une boule, grosse boule pleine de colère, une pelote de laine noire qui vous bascule dans la gorge, les gouttes de tristesse s’échappant le long des joues ou sur le nez. Heureusement, il existe des mots joyeux. On en trouve un, tiens, il me fait chaud au coeur, celui-là. On en essaie un de plus, ils ont l’air de s’entendre, de se compléter, puis on bâtit une phrase et ça va de mieux en mieux. On joue avec, ils s’enroulent dans la tête, alors en sort une jolie pelote de laine. Vous n’êtes plus ce petit garçon triste mais le chat qui lance la patte, fait rouler la pelote, tout en ronronnant.»

D’une écriture simple et poétique, André Bucher dépeint avec justesse des personnages écorchés, brut et tendres à la fois. La beauté des choses côtoie leur âpreté, et révèle le récit initiatique d’un jeune garçon qui devient homme, qui advient, peut-être finalement, à ce qu’il est, éclaircissant les ombres de son histoire, aux bras de ceux qui fondent son foyer, sa fraternité. 

 

Le Cabaret des oiseaux  est le deuxième roman d’André Bucher publié chez Sabine Wespieser.
Il est paru en 2004 après Le Pays qui vient de loin paru en 2003. 
Chez le même éditeur, ont été publié depuis : Pays à vendre en 2005 et Déneiger le ciel en 2007.

En 2009, André Bucher a publié chez Denoël La Cascade aux miroir. 

 

Zone littéraire
www.vanessa-curton.fr 
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