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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 16:36

images-copie-6.jpegFée d’hiver se déroule avec magie, comme un conte initiatique, découvrant des personnages pris au creux d’une nature mouvante et matricielle. 

Dans un pays du Sud de la Drôme, deux frères vivent épargnés dix-sept ans plus tôt par leur père qui d’un coup de folie assassina leur mère et se donna la mort sous leurs yeux. 

Daniel est devenu mutique depuis ce drame, préférant « lire qu’être obligé d’entendre » mais surtout écrire. Avec son frère, Richard qui est revenu boiteux de la Guerre d’Algérie, il partage ce goût pour la musique et plus particulièrement pour le blues.

Leur destin croise celui de la belle et féérique Alice, une fille du pays, abîmée par son mariage avec un lointain cousin, et de Vladimir, un bucheron d’origine Serbo-croate, en exil.

Ce colosse a fui un village anéanti par la guerre et trouve refuge, au bout d'un périple jonché d’obstacles, dans l’amour et dans l’amitié mais surtout dans ces montagnes dont la forêt et le ruisseau s’accordent à sa solitude, malgré la rudesse des hivers.

Ce roman cristallin comme la neige fait vivre l’amour fraternel et transpire d’une gourmandise affectueuse pour les femmes vers qui les protagonistes semblent portés comme vers la langue. 

Dans une écriture aérienne dont les flocons révèlent la beauté et la dignité des êtres, tout en faisant miroir à leur noirceur profonde et à leur vilénie, la polyphonie des voix éclot comme la sève qui remonte la feuille par les phrases. Ces voix se rencontrent et apprennent strate après strate à vibrer au ton juste…ou plutôt, elles apprennent à s’entendre et à se con-naître.

  

Extrait : 

« La vie d’avant ressemblait à une promesse non tenue et l’avenir à un malentendu. Puis on parvient à se frayer un chemin, un ailleurs, on recréé le décor intime, on réussit même à se bâtir une nouvelle demeure. On prend ce qui vient, le travail que personne ne veut, le vent le froid la solitude et la fatigue, le temps qui passe, les jours et les heures.

Ensuite, à l’improviste, le plein s’insinue, s’insère dans le vide, un petit nerf se met à craquer. Quelqu’un surgit, vous éclaire vous traverse. Un regard ou un geste, une flamme ravivée dans le cœur, les pas du danseur. Elle vous en retire les échardes et vous n’avez qu’une envie : pouvoir, ultime tentative, convoquer les chers disparus, les réunir et recevoir leur assentiment. (…) »

 

Fée d'hiver
D'André Bucher
Éditions Le Mot et le Reste, 2012 

 


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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 10:02

rougeargile_ollagnier--www.vanessa-curton.fr-copie-1.jpgRouge Argile
de Virginie Ollagnier
éditions Liana Levi, 2011 

 

"Ma-petite-Rosa-l'Allemand-est-mort-cette-nuit-viens-dés-que-tu-peux-je-t'attends-à-Sejâa."

En 1979, à 42 ans, Rosa est femme au foyer en France dans un univers très rangé, où chaque place a sa chose et chaque chose a sa place. Son époux est un haut fonctionnaire souvent distant et ses deux enfants sont grands désormais.  

À l'annonce de la mort d'Egon, un allemand juif qui a été un second père pour elle, Rosa prend l'avion pour le Maroc. À Sejâa, dans la maison de son enfance, elle retrouve Sherifa, sa nourrice, la terrienne, et son fils Medhi. Éprouvant la honte d'un colonialisme qu'elle a l'impression de représenter, Rosa décide de vendre à celui-ci les terres, les arbres de la maison. 

" Sejâa appartenait à une époque où Rosa se sentait la princesse d'un royaume merveilleux, un espace perdu et regretté comme l'enfance, rien de plus". 

Ce retour va permettre aux secrets d'éclorent comme soulevant le couvercle d'une boite de Pandore. Dans l'assiduité de l'Allemand, Rosa va découvrir l'histoire énigmatique de ceux qui l'ont élevée. Le Maroc, avec ses odeurs, ses saveurs et sa pensée magique, va la porter de révélation en révélation vers sa propre vérité, et lui donner le courage de briser ses chaînes. 

 

Rouge Argile est le troisième roman de Virginie Ollagnier. L''auteure lyonnaise a précédemment écrit L'Incertain (en 2008, Liana Levi). Elle a été récompensée par 11 prix littéraires pour son premier roman : Toutes ces vies qu'on abandonne (2007, Liana Levi). 

 


 

L'ENTRETIEN :

 

Virginie Ollagnier était l'invitée de l'émission Entre Paroles & Musique réalisée par Vanessa Curton pour RCF Isère les 11, 12 & 13 janvier derniers. Cet entretien a été réalisé à l'occasion de sa venue à Grenoble, invitée à la bibliothèque Centre Ville de Grenoble en partenariat avec l'association Rives & Dérives. 

 

Voici les liens pour écouter cet entretien très chaleureux :  

Virginie Ollagnier, Rouge Argile, partie 1 Virginie Ollagnier, Rouge Argile, partie 1

Virginie Ollagnier, Rouge Argile, partie 2 Virginie Ollagnier, Rouge Argile, partie 2

 

 



 

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 20:57


Couv-1.jpgL’An 2000
Éditions Des Ronds dans l’O, 2010


De son enfance dans les années 70 où à l’âge de six ans, il prend peur en imaginant la guerre annoncée de l’An 2000, Arnaud Quéré explore une certaine vision du futur qui est souvent prise dans une imagerie liée à une époque, et notamment au cinéma, à la télévision ou aux Bandes Dessinées.

Il remarque d’ailleurs avec amusement que si l’on pouvait penser un avenir où les voitures voleraient et parleraient, on était tout de même loin d’imaginer l’incongru « des appareils photos miniaturisés sur des téléphones portables » du XXIème siècle. 

 Quand il se projetait dans l’à venir, le jeune Arnaud Quéré se voyait architecte mais surtout dessinateur. Et de ce projet, l’auteur – effectivement devenu dessinateur – nous parle de la séparation entre le monde de l’enfant et celui des grandes personnes qui ont un rapport au temps et à l’imaginaire différent. Il va même jusqu’à poser cette question : devenir adulte, est-ce passer du côté obscur de la force ?

 

 

Couv.jpgMon copain Anne
Éditions Des Ronds dans l’O, 2009

 

Sous le totem d’un arbre aux longues et nombreuses racines, Arnaud Quéré retrace sur le mode de l’autobiographie imagée comment se sont tissées ses amitiés au fil des déménagements, des changements d’écoles, et souvent par le biais de hasards, du travail ou de collocations. 

La vie active rendant les rencontres et les soirées « tarot, fléchettes, chansons et jeux de société » entre copains moins nombreuses, il dresse le portrait de celles et de ceux qui partage sa vie, évoquant de nombreux voyages dont ceux jusqu’à Angoulème, mais aussi des moments clefs dans son parcours créatif comme Philippe Segard avec qui Arnaud Quéré a signé sa première BD en 2005 (Echec & Automates, éditions Carabas). 

« C’est sans doute ça la différence entre les copains et les amis. On reste proche de ses amis en toutes circonstances, on leur pardonne beaucoup et on ne fait plus trop attention à leurs défauts, même si parfois la vie nous fait prendre des directions ou des modes de vie très différents. »

 

 .... Ces deux romans graphiques en noir et blanc sont traversés avec une certaine nostalgie par des personnages de nos fictions d’enfances avec beaucoup d’humour et de simplicité. Ces illustrations parsemées de visages et de regards nous emportent au fil des souvenirs dans ces petits événements de la vie qui marquent son évolution, ses changements, et qui nous racontent un peu de notre histoire, aussi. 

 


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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 09:28

 

images-copie-5.jpegMardi 28 février à 18h30

Rencontre avec Catherine Coeuré & Jean Sgard
 

à l’occasion de la parution aux éditions PUG
de Jean-Jacques Rousseau à GrenobleJournal de l’avocat Bovier, 
présenté et annoté par Catherine Coeuré et Jean Sgard.

"Le 11 juillet 1768, Jean-Jacques Rousseau, plus que jamais persécuté et cherchant un refuge au bout du monde, arriva à Grenoble. Il y demeura un mois, rencontrant les notables de la ville et s’y promenant en compagnie de l’avocat au Parlement Gaspard Bovier. Il cherchait la solitude et l’anonymat ; son hôte souhaitait le faire connaître à toute la ville. L’irritation croissante de Rousseau devait se traduire par un passage plein d’humour des Rêveries. Indigné, l’avocat mit au net le journal de la visite de Rousseau à Grenoble, ce qui nous vaut un portrait étonnamment précis, souvent naïf mais très vivant, de Rousseau au quotidien. Ce minime incident éclaire en même temps d’un jour singulier un moment crucial de l’existence de l’écrivain."
à la Librairie Le Square
située 2 Square Léon Martin à Grenoble

Mardi 28 février 2012 à 20H30
Les mardis de la poésie, ambiance cabaret : 
Spécial Clôture de la résidence de Guth Joly   
à la Maison de la poésie Rhône-Alpes
33, avenue Ambroise Croizat
38400 Saint Martin d'Hère 

imagesCAVOGX7J.jpg*Guth Joly 

"Petite Fée qui vient de Limousin, mais aussi de Sibérie, de Japon, de la forêt et de l'océan. Il a publié Le zoo des mots, éd. Belin, 1999, Le manteau d'images, éd. Belin, 2005, Mademoiselle Gris Poussière, éd. du Ricochet, 2005, Je t'écris de Sibérie, éd. Belin, 2006, Le cosaque au tigre, éd. Belin, 2008 et bien d'autres livres...

"Je suis née dans un pays qu’on appelle la Marche, entre Poitou et Limousin, entre nord et sud, entre fée Mélusine et jeteurs de sort. C’est sans doute pour cela que je balance entre écriture et dessin, entre images et mots, entre France et ailleurs, ni ici, ni là, je colle et je décolle, j’écris et je grise mine, je noircis et colore. Je suis une cueilleuse d’histoires qui zig et zag par monts et par vaux." (Guth Joly)"
 * Photo : © Patricio Padro Avalos



 

Du 1er au 29 février
Tunisie, entre Orient & Occident à Grenoble

« Un an après la révolution de Jasmin en Tunisie, de nombreuses animations viendront met­ tre à l’honneur les soulève­ ments démocratiques qui avaient initié le «Printemps arabe», qui n’a pas encore fini d’éclore au sud de la Méditerranée. »

 

Mardi 7 février, 18 h 30 
Tunisie, histoires de femmes
Documentaire de Fériel Ben Mahmoud, sociologue et journaliste (2006, 52 mn).
Suivi d’un débat avec la réalisatrice
à la Bibliothèque Teisseire- Malherbe 
 

 

Mercredi 8 février, 18 h
Tunisie, année zéro
Documentaire de Fériel Ben Mahmoud (2011, 51 mn).
Suivi d’un débat avec la réalisatrice
à la Bibliothèque Eaux-Claires Mistral

 

Lectures- contes :

Heure du conte tunisienne 
Enfants de 18 mois à 4 ans.

Mercredi 1er février, 10 h
- Bibliothèque Arlequin
Mercredi 8 février à 10 h,
et 10 h 30 pour les plus de 5 ans.
- Bibliothèque Prémol

 

Il était une fois ككك كككك ككك 
Lectures bilingues français­ arabe par les bibliothécaires.
À partir de 6 ans.

Mercredi 15 février, 10 h 30
- Bibliothèque Eaux-Claires Mistral

Mercredi 22 février, 15 h
- Bibliothèque Arlequin

 

A voir aussi :
des expositions, des ateliers, d’autres projections documentaires :
  programme Tunisie à Grenoble février 2012 programme Tunisie à Grenoble février 2012
 


 

 

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 14:55

 

Un «styliste impeccable» 
échos d'une pérégrination à travers le roman noir

 

vignette garden, www.vanessa-curton.frTout a commencé sur un air de musique cubaine
avec le fameux
 Garden of love paru chez Zulma en 2007.

Alexandre Astrid, flic sombre en stand by, reçoit un manuscrit anonyme, cent cinquante trois pages d’une «histoire à cauchemarder debout» qui lui révèle, comme des «lambeaux de vérité», des secrets qu’il pensait être le seul à connaître. Avec l’aide de Marie, son amie de longue date, Alex part à travers le texte en quête de celui qui a bien pu le lui envoyer, une plongée où les personnages semblent autant nous semer, nous mettre en déroute, que nous tirer vers eux malignement. 
L’espace du roman devient un espace labyrinthique en flottement où les rennes de la logique commune se relâchent. 

 


 

couv part des chiens folio. www.vanessa-curton.fr Zodiak et son acolyte Roman Wojtyla, dit le polac, partent, comme deux anges déchus, dans les dédales d’une ville infernale, à la recherche de Sonia, la femme funambule, dont Zodiak est éperdument amoureux.
 

Dans un monde violent, dévoyé, sale et salace, ces deux personnages sont en marche comme pour sauver ce qu’il reste de pureté et de beauté. 

 

La Part des chiens
éditions Zulma, 2003 

 


 

 


 

couv harmoniques.www.vanessa-curton.frA l’image de Bob et Mister, que l’on retrouve dans Les Harmoniques,
paru en 2011 cette fois dans la série noire des éditions Gallimard.


Dans ce dernier roman qui empreinte davantage aux codes du polar, Marcus Malte renoue avec ces deux protagonistes découverts en 1996 dans Le Doigt d’Horace et l’année suivante dans Le Lac des singes.

 

L’un est chauffeur de taxi, agrégé de philosophie maniant pas moins de dix-sept langues ; l’autre est un black immense pianiste au Dauphin vert.

Vera Nad, vingt-six ans et amie de Mister, est retrouvée morte dans un entrepôt désaffecté. La police conclut à un règlement de comptes entre dealers mais les deux amis ne peuvent pas croire en cette version officielle.

 

Pris dans une balade Jazz, Bob et Mister se mettent alors à enquêter sur le vrai mobile de la mort de Vera Nad, ce qui les amène aux résurgences du conflit des Balkans et notamment dans une réflexion sur les racines du mal. 


 

 


 

 

À découvrir encore maints autres de ses romans 
(dont Carnage, constellation (Fleuve noir, 1998)  ou son Poulpe Le Vrai con maltais (éditions Baleine, 1999)) 


 ou de ses nouvelles, forme qu’il maîtrise d’ailleurs de façon subjuguante 
Intérieur nord (Zulma 2005) ou  Toute la nuit devant nous (Zulma 2008)),


et dans ses récits pour le jeune public 
(De poussière et de sang (Pocket Jeunesse, 2007), Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage (Syros 2011), par exemple). 


Pour en savoir plus : http://www.marcusmalte.com/

 

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 13:44

La vague, MingarelliLa Vague
D’Hubert Mingarelli
vu par Barthélémy Toguo
Éditions du Chemin de fer, 2011

« La mer était grise et blanche.
Le ciel tombait sur la mer. Le vent soufflait. 
Alors nous vîmes la vague qui devait nous emporter, Tjaden et moi,
plus tard, le lendemain, au moment où peut-être elle touchait Cuba ou la Floride. »

Mis à mal par la tempête à cause de la désobéissance de Tjaden, le bateau amarre une fois la mer calmée sur le quai de Port-au-Prince. Entre ce dernier et le narrateur se dessine une amitié fraternelle tenue par la rudesse et la solitude mais surtout par un rêve partagé de quitter l’armée et de se construire une maison en bois où ils élèveraient ensemble des poulets.
 

Malgré la compréhension du lieutenant Grossman, homme attentif et massif comme un ours, le marin, audacieux et arrogant de colère face à l’injustice de leur condition, se voit consigné à bord pendant que le reste de l’équipage va profiter des plaisirs de la ville.
Mais un garçon haïtien vient proposer à Tjaden et au narrateur de leur ramener une fille ou deux pour les distraire. Ils acceptent et, bravant l’interdit, vont attendre dans une baraque en brique à l’extrémité du quai sur des couvertures, avec de l’alcool et des cigarettes.

 

Dans ce texte court traversé par les illustrations aériennes de Barthélémy Toguo, Hubert Mingarelli explore intarissablement ce lien infime entre les êtres, dans une prose ondulante, dépouillée et poétique. Entre des dialogues où l’humour s’immisce et les confidences des uns au hasard d’une nuit sombre, l’humanité de ces personnages se déploie dans leur fragilité, leurs renoncements, leurs peurs mais surtout dans leurs espérances et dans les nuances qui teintent les affections qu’ils éprouvent. Le lecteur est pris au plus vif, happé d’empathie et d’émotions si justement suggérées.

Les personnages d’Hubert Mingarelli marchent souvent en duo, comme dans ce récit dont le narrateur « au cœur léger », tout d’abord, s’étoffe au fil de l’écriture, et semble même se défaire d’une posture observatrice et ingénue en prenant une consistance, permise peut-être, par la brève séparation de son acolyte, Tjaden.

Cet univers marin où l’eau grise et blanche s’obscurcit sous les pieds balançant du narrateur et du garçon qu’il rencontre, rappelle indéniablement les précédents romans de l’auteur, d’Hommes sans mère (2004) au recueil de nouvelles La Lettre de Buenos Aires (2011), et plus particulièrement l’une d’entre elles…ce qui laisse planer l'énigme.

 

Pour la déceler (peut-être), rendez-vous ce mercredi 1er février 2012
à la FNAC de Grenoble Centre Ville à 18h,
au forum, Hubert Mingarelli échangera avec Franck Pavloff autour de leurs derniers romans. 

Voir l'article sur L'homme à la carrure d'ours de Franck Pavloff :  "L'homme à la carrure d'ours" de Franck Pavloff

 

 


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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 16:41

PavloffUne force bouleversante gorge souvent les grands romans. Celle que recèle l’Homme à la carrure d’ours de Franck Pavloff est synonyme d’opiniâtreté, de liberté, d’espérance et d’humanité. Il nous parle du monde, d’un ailleurs qui nous interroge simultanément sur nos peurs et sur nos conditions actuelles, individuelles et collectives.

L’histoire prend place dans le Grand Nord, sur une terre irradiée et glacée. Depuis trente ans, plusieurs communautés hostiles vivent dans une Zone que les Autorités ont brutalement ordonné d’évacuer. La ville de Voulkor a été détruite à l’explosif, les puits des mines ont été colmatés, et des hommes, qui travaillaient dans les galeries, ont été ensevelis. Endurcies, ces âmes entretiennent tristement leur survie, dans leurs chaumières, au Comptoir, dans les isbas ou à l’église comme pour Misha, la mère adoptive de Lyouba.

Lyouba est l’unique femme apte à porter la vie dans son ventre. Donnée aux hommes depuis deux ans par Misha sur les conseils du Pope, elle s’est retranchée dans un mutisme qui est comme un voile « plaqué sur son visage, éteignant son regard ». Elle porte des bottes en cuire rouge données par le lapon, Kolya, un personnage solitaire et riche des enseignements de son peuple.

L’homme à la carrure d’ours sculpte l’ivoire et s’évertue chaque jour à faire revivre un jardin de friches, à l’autre bout de la Plaine. Dans cet univers froid où les nuits boréales sont un danger véritable, Kolya est le seul à oser sortir de la Zone, mais sa détermination porteuse de chimères et son refus de prendre acte de sa désespérance irritent ces communautés d’hommes domptés par la peur et reculant devant l’exil.

Grâce au lien intime, profond et presque immaculé qui se révèle progressivement entre le lapon et la jeune femme, celle-ci s'aventure, au fil des saisons, du jardin d'enfant, où elle se réfugie, à la cité interdite, défiant la vigilance des gardes invisibles. Elle franchit des cercles et puise la force de sa libération, faisant écho à cette phrase qui signe un précédent roman de l'auteur : "Ils ont la loi, vous avez la foi. Vous passerez"*, mais ce n'est qu'une  étape…comme chacun des livres de Franck Pavloff qui sont autant de strophes à une ode pour la liberté des êtres qui résonne comme un cri sépulcrale et flamboyant, à l’image de cette nature arctique dont il dépeint toute la puissance et la beauté. 

 

L'homme à la carrure d'ours
de Franck Pavloff
éditions Albin Michel, 2012 


* phrase extraite de La Chapelle des Apparences (Albin Michel, 2007)

 

 

 

 

 

 

 

 

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 17:51

                                                                  

 
Mardi 31 janvier, 20h30 à Saint-Martin-d'Hères

Cabaret poétique
dans le cadre des "Mardis de la poésie"

Avec Bernadette De Féline, F. De Féline (Delphino)
En présence de Marc Pessin

à la Maison de la Poésie Rhône-Alpes
33 avenue Ambroise Croizat
38 400 Saint-Martin-d'Hères
 
Info : 04 76 54 41 09
& mail : maison.poesie.rhone.alpes@numericable.fr 

 


     

 

       Mercredi 1er février à 18 h
 au Forum 
 de la FNAC Grenoble Victor Hugo                       

Rencontre débat
avec Franck Pavloff & Hubert Mingarelli
autour de leurs derniers romans : 

 

La-vague--Mingarelli.jpgLa Vague d’Hubert Mingarelli
Éditions du Chemin de fer
« Dans cette histoire d’amitié fragile, suspendue entre deux temps, Hubert Mingarelli excelle à faire parler les silences et les non-dits et trace avec vigueur l’esquisse d’une humanité tendue et oppressée. »

.


 

PavloffL’homme à la carrure d’ours de Franck Pavloff
Éditions Albin Michel
 « L'auteur de Matin brun, du Pont de Ran-Mositar et du Grand Exil, prix littéraire des Grands Espaces 2010, dépeint les lieux désolés d'un monde industriel en ruine, la toute-puissance et la beauté de la nature arctique, les peurs qui enferment les hommes, la mémoire et les rêves qui les ouvrent à la liberté. »

 

 

 

...      

...

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 10:17

Unknown.jpegCyrano, ma vie dans la sienne
Jacques Weber
Stock, nov. 2011

 

Au comptoir d'un bistrot, l’odeur du petit noir se mêle aux senteurs pâtissières d’after-shave. Les volutes du calme matinal s’ouvrent comme un rideau sur un homme seul et sombre, encore imprégné des tourbes blondes d’un whisky vingt ans d’âge.

Une verve éclot à la fois ténue et frontale, grandiloquente et méditative. Elle nous emporte avec elle dans l’espace de son enquête, celle de Jacques Weber qui a soixante ans, et qui décide de faire le point.

Il traverse le temps au chevet d’une mémoire qu’il considère comme « un vrai trou noir », de sa communion solennelle où il a compris que « Cyrano qui croyait plus à la lune qu’au Bon Dieu, n’était plus très loin » de lui, aux planches de Mogador en 1983, à ce soir, le 26 février, où sa voix a vibré
Par ce flottement, le comédien nous emmène sur le tournage du film de Jean-Pierre Rappeneau, ou encore en 2008, lors de sa mise en scène atypique de la tragédie d’Edmond Rostand jouée dans les vingt arrondissements de Paris… Il nous fait vivre ses peurs, cet élan, cette passion de la scène, évoquant jusqu’à cette tension fabuleuse de découvrir l’acteur, le juste, le bon acteur pour interpréter son Cyrano de Bergerac.

En vingt chapitres, Jacques Weber questionne ce rapport au personnage, au corps, au langage, à la folie même et, pudiquement, à l’alcool, dans un style très imagé, poétique et philosophique. Ce qui s’annonce comme une autobiographie est finalement moins celle d’un homme, que celle d’un personnage dans la vie et le corps d’un homme qui est acteur. A moins que ce soit le contraire, comme au théâtre qui serait « un lieu de vérité inversée ». Entre les deux réside, néanmoins, cette part d’indéfinissable qui amalgame une réalité et une fiction sur une scène, et peut-être aussi sous la plume de l’écrivain.

 

209273 156821817713540 156819891047066 368530 434274 oLe 24 janvier 2012, Jacques Weber sera à la FNAC de Grenoble, au rayon librairie, entre 17h et 18h15 pour une rencontre débat et dédicace

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 19:58

 


 

" Traverser le Réel comme dans un Rêve " 
à la librairie Les Modernes
6 rue Lakanal à Grenoble
 

8fmu_voeux.jpg

 

 

EXPO "DE L'ENFER" 
BRODERIES DE GABRIEL HERNANDEZ

Du vendredi 6 au mardi 31 janvier, entréé libre
Rencontre / atelier,  le jeudi 26 janvier à partir de 18h30


8fmu_broderie.jpg" La broderie est une pratique laborieuse et sensible qui ne peut se travailler que dans une certaine dilettante. Dans mon cas je l'envisage plutôt comme un prolongement du dessin. Je cherchais depuis longtemps une façon de dessiner autrement et de sortir de la feuille de papier. J'ai trouvé ici un parfait moyen de faire du dessin un objet familier et mystérieux à la fois. 
DE L'ENFER rassemble des pièces choisies autour de l'idée de personnages habitants ou témoins d'un monde obscur et entre deux. Des sortes de limbes. "

 


8fmu_comptines.jpgCOMPTINES ET JEUX DE DOIGTS AVEC CAROLINE
Les mercredis à 17h : 4 , 11, 18, 25 janvier
Séance spéciale le samedi 14 janvier à 10h30
Gratuit, sans inscription, dans la limite des places disponibles
 


 

 

8fmu_maracas.jpgEVEIL MUSICAL AVEC BERTILLE

Mercredi 18 janvier de 10h à 11h
Samedi 28 janvier de 10h à 11h
muisque afro-Caraïbes de Noël, petites percussions vocales et motricité corporelle pour les tout-petits 

10 €, sur inscription, limité à 8 participants,
pour les 3 / 5 ans
 


8fmu_dragon.jpgATELIER NOUVEL AN CHINOIS AVEC MATHILDE
A l'occasion du Nouvel an chinois, atelier de fabrication d'un dragon de papier suivi d'un conte chinois

le mercredi 25 jnavier de 10h à 11h30

12 € ,sur inscription, matériel compris,
limité à 8 participants, pour les 4 / 6 ans

 

 

Info : www.lesmodernes.com

 

Si vous passez Rue Lakanal, ne manquez pas la fabuleuse vitrine 
réalisée par Gaëlle Partouche et Alain Quercia, avec le concours d’Eric Parat (L’atelier Sur Mesure),

encore visible pendant le mois de janvier. 

 


 

Rencontres
« l’heure du conte »
 

du réseau des Bibliothèques de Grenoble

 

 


  • Le pêle-mêle des histoires
    À partir de 4 ans.

Mercredi 25 janvier à 15h30 

Bibliothèque Teisseire-Malherbe
12, allée Charles Pranard 
- Grenoble 

 

 

 

 

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